L’AURIBAT

« Dans la partie de l’Aquitaine que baigne l’Océan, le terrain est pour la plupart maigre et sablonneux ; il ne produit guère que du millet. C’est dans cette partie que l’on trouve le golfe qui, avec celui de la côte de Narbonne, forme un isthme. Ces deux golfes portent chacun le nom de golfe Gaulois. Le premier appartient aux Tarbelli. Ce peuple est en possession des mines d’or les plus estimées ; car, sans fouiller bien avant dans la terre, on y trouve parfois des masses d’or qui sont assez grosses pour remplir la main, et n’ont besoin que d’un léger lavage. Le reste de la mine consiste en paillettes et en boules, qui n’ont pas besoin non plus d’un long travail. »

L’Auribat (Aurea Valle) émerge des brumes de la Préhistoire, sous la plume de Strabon, géographe grec du Ier siècle avant J.-C.

Par la suite, les mines sont tombées dans l’oubli mais l’Auribat, petit pays situé entre les cours du Louts et de l’Adour, entre les Landes de Gascogne et la Chalosse, a traversé les siècles. Il s’étend sur une superficie d’environ 78 km², couvrant les territoires de douze communes, majoritairement situées dans la partie septentrionale du canton de Montfort-en-Chalosse.

Durant des siècles, la Vallée de l’Or fut une contrée de vignerons et de laboureurs, le plus souvent métayers, de bateliers et de marchands, acheminant le vin de la région sur le fleuve, jusqu’au port de Bayonne. L’Auribat fut aussi, de temps immémorial, un territoire de transhumance pour les bergers de la vallée d’Aspe. Ce pays traversa les siècles et survécut longtemps aux vicissitudes de l’Histoire : aux Xe et XIe siècles, c’était une enclave féodale relevant directement des ducs de Gascogne, et régie par un droit coutumier particulier, la coutume d’Auribat ; au XIIIe siècle, un bailliage administré par les officiers des rois-ducs anglais, centré sur le château fort de Saint-Geours ; au XIVe et XVe siècle, une baronnie aux mains des Albret, régulièrement convoitée par les armées françaises qui ravageaient le pays et eurent finalement raison de l’indépendance gasconne, au soir de la Guerre de Cent ans ; sous l’Ancien régime, l’Auribat fut le siège d’une cour de justice dont le tribunal seigneurial joua un rôle considérable, parfois bienfaisant, auprès de la population roturière ; à l’époque contemporaine, l’éphémère canton de Poyanne épousa pour un temps ses frontières et puis, le souvenir de l’antique patrie de Lahire lentement s’estompa. Peu à peu, les vestiges d’une florissante histoire médiévale s’effacèrent : la citadelle de Gamarde et sa Tourate, à la lisière méridionale de la vallée, les mottes de Baylenx et de Saumon les châteaux de Poy, de Castetmerle et de Vignoles, la prestigieuse abbaye de Divielle, nécropole des vicomtes de Tartas. Aujourd’hui, seul l’élégant château des marquis de Poyanne semble vouloir témoigner encore.

Cependant les solidarités anciennes perdurent et les villages continuent de cultiver un lien secrètement millénaire. Ainsi plusieurs écoles de cette aire géographique ne se sont-elles pas récemment réunies en un regroupement pédagogique intercommunal appelé RPI de l’Auribat ?

Par ailleurs, demeure fort heureusement l’inextinguible source des documents manuscrits ou iconographiques, conservés dans les dépôts d’archives publiques ou dans les fonds privés. Au début des années 2000, j’ai initié une vaste entreprise de recherche dans le but d’écrire l’histoire de l’Auribat, depuis la légendaire bataille de Taller, en 982, jusqu’aux conflits mondiaux et aux mutations profondes du siècle dernier, en considérant non seulement les figures historiques, nobles et notables, responsables municipaux, mais encore les anonymes, les oubliés de l’historiographie locale, métayers et brassiers des campagnes, artisans et commerçants des bourgs, maîtres d’école et prêtres, charpentiers cagots, valets et servantes, femmes et enfants, tous ceux et celles dont les histoires ont fait l’Histoire de l’Auribat.

Conscient de l’exubérance de l’entreprise – une vie, même très longue, ne suffirait pas à un tel programme de travail –, je m’abandonne pourtant à la poursuite d’une folle ambition : inverser la fuite du temps, capturer le passé et le restituer à nos contemporains en leur racontant des histoires qui éveillent leur imagination. J’aimerais trouver une parcelle de la flamboyance des poètes, sans renoncer à la rigueur et à l’exhaustivité du chercheur. J’aimerais écrire notre histoire avec le pinceau des Idylles du roi, d’Ivanhoé ou de Promenade avec l’amour et la mort.

Mais comme il faut raison (et humilité) garder, je m’efforcerai plus simplement de répondre à toutes vos questions, en tentant néanmoins de vous faire rêver un petit peu. Et pour ce faire, je me mets de ce pas au travail…

Qui suis-je ?

Hervé Coudroy, instituteur, passionné de musique, de cinéma, de littérature et d’Histoire.

Né en 1971, j’ai grandi à Cassen, en Auribat, au pays de mes ancêtres. D’aussi loin que je me souvienne, la question des origines m’a toujours occupé intensément. Le Temps nous inquiète, nous effraie parfois, tel l’épouvantable Saturne que Goya peignit dans la Quinta del Sordo. Cette image, sortie tout droit d’un conte horrifique, me fascina longtemps, de même le vertigineux flashback d’Il était une fois dans l’ouest, premier émoi cinématographique d’un garçonnet français fasciné comme tant d’autres par le mirage de l’ouest américain, et qui m’apparut jadis comme le signe d’une vérité supérieure résidant dans l’inexorable fuite du temps et dans l’océan des causes et des conséquences. Mon goût de l’Histoire n’est pas pour autant le rejet d’un présent hostile, la quête d’un refuge douillet dans l’illusion de ce qui n’est plus, à l’instar du musée morbide qu’édifie le héros de l’Autel des morts d’Henry James. C’est plutôt une manière d’interroger le passé afin qu’il vienne en aide au futur, idée chère à l’univers de la science-fiction. C’est l’une des fonctions naturelles de l’Histoire, me semble-t-il. Sans doute est-ce aussi ma manière personnelle de mieux accepter notre dérisoire condition de terrien. Parlant des étoiles, Claude Ptolémée écrivait il y a deux mille ans : « Debout, tout près des dieux, dans la nuit aux cent voiles, je m'associe, infime, à cette immensité ; je goûte en vous voyant, ma part d'éternité. »

Si aucune croyance mystique n’est jamais venue ébranler mes doutes, l’exploration à la fois scientifique et poétique des siècles passés me console de nos faiblesses, de nos inconséquences, de nos erreurs, du sentiment de vanité et d’absurdité de l’existence qui peut parfois traverser l’esprit humain, et m’inspire un mystérieux espoir, comme une foi inexplicable et inébranlable en notre avenir.

Coordonnées

Hervé Coudroy

05 58 97 29 33

h.coudroy@wanadoo.fr

Le site « Auribat.com » est administré par Michel Turck, professeur de mathématiques retraité et précurseur de l’informatique dans le canton de Montfort-en-Chalosse. Il a conçu la programmation du site et en assure la maintenance.

Dans le domaine de la recherche, mon principal partenaire est Jacques Ducasse, de Gamarde-les-Bains, spécialiste de l’histoire du canton. Nous partageons toutes nos découvertes et partons souvent ensemble en promenade historiographique. La poussière et le papier fané des manuscrits sont nos amis.

A Cassen, Gérard Lafargue, auteur de « Cassen, mon village » m’a précédé en offrant une publication fondatrice à laquelle je me réfère régulièrement. Daniel Coudroy, natif de Louer et habitant de Cassen, est lui aussi passionné par le passé de notre petite région. Tous deux sont de précieux interlocuteurs concernant la mémoire de l’Auribat. Gérard Castagnet, grand collectionneur de cartes postales, découvre régulièrement de nouveaux trésors iconographiques.

Les villages voisins comptent eux aussi des amateurs d’histoire locale, avec lesquels j’échange très régulièrement :

Christian Labeyrie, aujourd’hui domicilié à Cassen, est originaire d’Onard dont il connaît très bien l’histoire ;

Jean-Pierre Marquant, fondateur de l’association « Sur les pas du valet de coeur », est passionné par le passé de Préchacq et de Goos : Lahire, les thermes, l’abbaye de Divielle… ;

Habitant également à Préchacq, Jean-Pierre Sescosse réalise un travail essentiel pour la sauvegarde du patrimoine iconographique de la commune ;

A Louer, « Les amis du patrimoine louérois », le maire Joël Quillacq et mon cousin Robert Coudroy relaient mon action et m’offrent un portail vivant (complément idéal au portail virtuel« Auribat.com »), en organisant depuis quelque temps des rencontres très enrichissantes autour de l’histoire de l’Auribat.

Différents chercheurs locaux réalisent un travail important, qui constitue une source incontournable pour mes recherches :

Depuis quelques années, J.-M. Dupouy effectue un remarquable travail sur l’histoire des Landes ; en particulier, il nous propose un dossier exhaustif et passionnant sur le château de Poyanne, la dynastie des Baylenx et la vie du dernier marquis ;

Frédéric Jeantet nous offre une histoire remarquablement documentée du château du Rau, à Gamarde, et de ses seigneurs ;

Michelle Tastet-Brèthes, originaire de Tartas, est une interlocutrice privilégiée pour l’histoire du pays tarusate et plus particulièrement d’Audon, aux portes de l’Auribat ;

Mme Simone Abbaté, de Sabres, m’a également communiqué différents éléments de ses recherches sur l’histoire de Tartas.

Enfin, Vincent Foix est mort en 1932 mais pour Jacques et moi-même, il demeure un soutien indéfectible et un insurpassable père en historiographie. Lorsque nous nous posons une question épineuse, nous allons le « voir ».

Liens vers les blogs de J.-M. Dupouy et Frédéric Jeantet :
http://baylenx.blogspot.com
http://landesenvrac.blogspot.com
http://fjeantet.blogspot.com

Hervé Coudroy, le 24 décembre 2011

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